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Article : La Police Montée canadienne dans les Petits Formats |
Au Canada, les années 1845-1850 ont été marquées par la détérioration des relations entre les colons, les indiens et les métis. Sir John A. Mc Donald, 1er ministre canadien de l’époque (rien à voir avec Pat Mac Donald !) décide alors de créer en 1874 la police à cheval du Nord Ouest pour faire régner l’ordre dans la région. Au départ, ce sont moins de 300 hommes qui sont chargés de restaurer l’autorité dans les territoires encore sauvages du Nord Ouest (actuels Alberta et Saskatchewan). La mythique police montée était née (« quelques hommes vêtus d’une tunique rouge qui font la loi à cheval, dans un vaste territoire sauvage ») et allait inspirer livres, shows radiophoniques ou télévisés, films et ...bande dessinée. |
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Dans les années 1874-1905, les tuniques rouges (surnom donné aux hommes de la police montée canadienne) sont chargées de faire appliquer l’ordre, de lutter contre la contrebande de whisky et de rétablir les relations amicales avec les indiens. La plupart des bandes dessinées mettant en scène des héros de la police montée situent l’action au cours de cette période mouvementée. En 1949, Giovanni de Léo, scénariste et éditeur créé avec le dessinateur Gallieno Ferri un premier héros de la police montée : Piuma Rossa. Les deux auteurs récidivent 3 ans plus tard avec un nouvel « Eroe del Nord », Thunder Jack : le mountie, accompagné de Patsy, sympathique géant roux, combat sans relâche hors la loi et indiens en révolte. On retrouve ses exploits édités en France par la SER dans les années 50 dans P’tit Gars puis Humo plus quelques épisodes dessinés pour le marché français dans Ouest Romance, Rancho et dans Les beaux albums pour la jeunesse sous le titre de Jack le monté ! ! ! |
GALLIENO FERRI est né le 21 mars 1929 à
Gênes. Après des études de géomètre, il dessine
en 1949 Il Fantasma Verde puis Piuma Rossa, sous le pseudonyme
de Fergal pour l’éditeur et scénariste De Léo, suivis
de Maskar (1949-51) clone avoué de notre Fantax national. En 1952-53,
De Léo en coproduction avec justement, l’auteur de Fantax, le français
Mouchot (SER) créé Thunder Jack (Giubba Rossa), fortement
inspiré d’Audax (alias King of Royal Mounted de Zane
Grey) que dessine Ferri. Entre 1954 et 1960, le duo produit diverses bandes
directement pour le marché français (les éditions SER)
comme l’indien Tom Tom, Kid Colorado, Jim Puma, Agent
Secret, Le Fantôme vert, etc. En 1950, Ferri produit des publicités
pour la marque Esso avec laquelle il possède un droit d’exclusivité.
Entre 1957 et 1960, il travaille à nouveau pour son pays d’origine
en collaborant à Il Vittorioso sur Capitan Walter
(texte de Sandro Cavore) et Jolly (165 numéros de 1957 à
1960). En 1961, il reprend Giubba Rossa (Jambe Rouge), encore une histoire
de tunique rouge, sur des textes de G.L Bonelli et créé graphiquement
Zagor (texte de Guido Nolita alias Sergio Bonelli) en s’inspirant
de l’acteur américain Robert Taylor. Il en dessinera de nombreux
épisodes et toutes les couvertures. En 1975, il met en images le premier
(et le seul en ce qui le concerne) épisode de Mister No et les
couvertures jusqu’au numéro 115 en 1984. Depuis 1979, il continue
à illustrer bon nombre de couvertures (Cico Story, Il Commandante
Mark), sans oublier plusieurs épisodes de Zagor.
Plus tard, c’est Jim Canada
(Dick Daring of the mounties), l’ami des indiens, luttant contre
leurs oppresseurs et les criminels, dont le QG se situe à Creek-Town
qui est imaginé par des auteurs anglais dont Reg Bunn
dans Thriller Comics et Thriller Picture Library de la Fleetway
(1958-61) : rapidement les dessins sont repris par des artistes italiens,
notamment du studio Giolitti dont Sergio
Tarquinio (Storia del West), Franco
Bignotti (Mister No, Jicop), Virgilio
Muzzi, Renato Polese (Bronco e Bella),
Vittorio Cossio mais aussi d’autres nationalités comme l’argentin
Carlos Roume ou Martin Salvador.
En France, Impéria
lance le petit format homonyme de 1958 à 1986 (297 numéros),
mais, rapidement, la pénurie de matériel « anglais »
oblige à faire appel à des auteurs français dans un
premier temps (Claude Bordet, Bob Leguay, Georges Esteve) puis, par souci
d’économie, à des auteurs espagnols réputés
moins chers dès 1963 : Vincente Ramos, José Morante,
Antonio Quinorero, José Maria Ortiz, Francesco Puerta, Luis Ramos
et Cesar Lopez pour le dessin et Ramon Ortiga, Banolas, Hervas pour les
textes. |
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Un autre Jim, Jim Brandon, colonel des vestes rouges sera l’allié précieux de son ami Tex Willer au cours de plusieurs aventures sous les pinceaux, entre autres, de Fusco ou Giolitti. Carlos Enrique Vogt dépeint en 1974 dans Lanciostory un héros typique de la fameuse police : le taciturne capitaine Gary Bows surnommé Canada Joe (publié en France dans Karacal en 1977) qui à l’occasion sauve un loup et le père blessé d’une jeune métisse indienne, alors qu’il poursuit un criminel évadé. |
Giubba Rossa (Jambe rouge) alias le fameux sergent Dick de la police montée canadienne perpétue le mythe dans l’Audace de 1959 à 1961 grâce au talent de Sergio Bonelli, Renzo Calegari, Sergio Tarquinio et G. Ferri. |
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Sergio Tarquinio est né le 15 octobre 1925 à Crémone. Il débute comme peintre décorateur avant de publier sa première bd en 1946 aux éditions DEA : le western Luna d’Argenta. L’année suivante, il dessine Blek e Gionni, une création de Roy d’Ami avant d’émigrer en 1948 en Argentine où il rejoint le fameux groupe de Venise : Hugo Pratt, Ivo Pavone, Faustinelli, Ongaro, Breccia et Battaglia au sein des éditions Abril. Il dessine des couvertures de Misterix (Gim Toro en 1949, par exemple) et créé notamment Alan Blood en 1948-52 dans Misterix et Salgari (et Rodéo en 1953-54) qui se révèle un énorme succès là bas. De retour en Italie en 1952, il réalise des planches pour Ardito (Marussia) et pour les « Classici Illustrati » puis dessine pour Dardo le western Ray Fox en 1953-54 (alias Le cavalier blanc dans Héroic en 1955-56) et Condor Gek (1955), publié en France dans Ouest Magazine. Ensuite, il travaille pendant 4 ans pour les revues du studio Roy d’Ami et pour la Fleetway (Jim Canada, Crazy Horse en 1956, Billy the Kid, Tex Tone, Davy Crockett, etc.). En décembre 1959, il rencontre Sergio Bonelli (Cepim) et entame avec ce denier une collaboration qui donne Giubba Rossa (4 épisodes) et Il Giudice Bean d’après le fameux juge Roy Bean : 6 épisodes écrits en 1960 et publiés en France dans Spécial Rodéo sous le titre de Jim Clark. En 1965, il dessine des aventures de Superman et Batman pour Mondadori, les aventures du trappeur Red Buck avec Cesar Mellonalli en 1966 dans Nuova Collana Araldo (publié dans Spécial Rodéo et Spécial Kiwi) puis il commence à partir de 1966 son long travail sur la saga de Storia del West : il en dessinera la majeure partie jusqu’en 1980. En 1981-84, il produit plusieurs épisodes de Ken Parker puis dessine Il Fra due Bandiere et Nessuno en 1985-86 dans Il Giornalino.
Toujours en provenance d’Italie, Plume Rouge (Piuma Rossa), bande dessinée de 1977, écrite par Mario Bassari et dessinée par Luigi Sorgini dans Il Giornalino et traduite dans les petits formats Tipi 70-75, Captain Swing et La Route de l’Ouest 64-85 relate les aventures dans l’Alberta au cours des années 1880 d’un métis blond écologiste qui s’engage dans la police montée, réalisant ainsi le vœu exprimé par Mc Donald de réconciliation entre les peuples. Ce fils d’une indienne Pied Noir et de l’aventurier Kim Bear, élevé par Pied-de-Corvo, chef de la tribu des pieds noirs et père de sa fiancée Perce Neige (Bucaneve) maintient l’ordre en compagnie de son loup Musc (Muschio) et de son cheval Tourbillon (Bianco). | ![]() |
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Mario Basari, né en 1932 a écrit les scénarios de Max Martin dessiné par Nevio Zeccara (dans Marco polo), Babe ford avec Renato Polese, Bug barri en 1969, des adaptations d’œuvres littéraires dans les années 70 avec Franco Caprioli dans Il Giornalino, etc. Luigi Sorgini, né en 1926 a illustré plusieurs récits dans les années 50-60 pour Eroica et pour le marché étranger et a longuement collaboré à Albi Jolly, Albi Capitan Walker et Il Vittorioso (i cavaliere di terro de quintavalle en 1963). Il a pris sa retraite en 1994. |
En 1885, peu après la révolte des métis
dirigée par Louis Riel,
les effectifs de la police montée passent à 1000 hommes. En 1895,
le domaine d’attribution des tuniques rouges est étendu
au Yukon. C’est au cours de cette période que Bill Preston,
sergent de la police montée canadienne fait régner l’ordre
avec l’aide de son chien Yukon King
et de son cheval Rex. La bande dessinée
Sergeant Preston of the Yukon a été
créée dans les années 50 aux USA par Alberto Giolitti
(Turok, Star Trek, Tex Willer) d’après un célèbre
show radiophonique avec Paul Sutton (1947-55) créé par G.W Trendle
et Fran Striker (auteurs de The Lone Ranger et The Green Hornet)
puis télévisé (1955-1958) avec l’acteur au physique
de Clark Gable, Richard « Dick » Simmons.
Le Comic Book édité par Dell Publishing compte 29 numéros
de août 1951 à décembre 1958 et a été traduit
dans Pépito et Jim Taureau.
En 1903, c’est jusqu’à la côte de l’Arctique que les pouvoirs des mounties s’étend. Avec la ruée vers l’or du Klondyke et donc l’afflux de prospecteurs et les regains de violence qu’il engendre, la mission de maintien de l’ordre devient plus que jamais d’actualité : l’heure de gloire n’allait pas tarder à sonner. Alaska Kid (Jim Alaska) pourchasse les criminels en compagnie de deux comparses truculents et intrépides. Ses aventures ont été relatées par Carlo Cossio et parfois Cozzi dans Jumbo puis l’Audace entre 1938 et 1954 et publiées en France par Sagédition au cours des années 50 dans Sciuscia, Héroic, Le petit shérif et Kansas Kid. |
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Pendant ce temps, le sergent Sam Boyd maintient la paix tout en conservant son flegme britannique entre Silver Point et Indian Creek mais surtout dans les pages du pocket Ajax de la SFPI (textes et dessins de Maxime Roubinet, 1964-68).
En 1904, la Gendarmerie à cheval du Nord Ouest (1er nom de la police montée canadienne) devient la Gendarmerie Royale à cheval du Nord-Ouest. En 1912, son rayon d’action englobe désormais le Manitoba. Après la 1ère guerre mondiale, sa responsabilité est étendue aux 4 provinces de l’ouest. En 1920, elle devient la Gendarmerie Royale à cheval du Canada (Royal Canadian Monted Police), en absorbant la police du Dominion.
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Dans les années 30, un héros légendaire va faire parler de lui, d’abord dans des romans populaires de Zane Grey puis dans leur adaptation en bande dessinée : il s’agit de King, (roi) de la police montée (King of the Royal Mounted). Dans le Yukon, Dave King vit des aventures proches des pionniers, traque (le plus souvent en traîneau) les hors-la-loi et les espions dans des régions inhospitalières, accompagné par Pilot Leroux, son jeune frère Kid (qui porte constamment un bonnet sur ses cheveux blonds) et Betty Blake, son amoureuse. |
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La série dessinée de ses exploits débute le 17 février 1935 par une planche dominicale éditée par le KFS, écrite par Zane Grey d’après un de ses romans (puis après son décès en 1939 par son fils Romer et Stephen Slesinger ou Robert Turner) et dessinée par Allen Dean ensuite relayé par son assistant, Charles Flanders (de 1938 à 1939) puis Jim Garry jusqu’en 1955 (assisté par Bill Lignante, Rod Low Willard et John Wade Hampton). Dell l’a publié en comic book, sous le titre King of the Royal Mounted de 1936 à 1959. N.B : Fred Harman (Red Ryder) aurait collaboré anonymement à la série King ! |
En France, avant guerre, il devient le « Roi de la Police Montée » dans Hop-là ! (1937-40), dans les revues de Del Duca : Hurrah, l’Aventureux, Tarzan, Aventuriers d’aujourd’hui tandis que le Journal de Mickey le francise en Bob Martin ! (du n°246 au 296 entre 1939 et 1940) et que Robinson le publie sous le titre de La patrouille du grand Nord. Après guerre, on le retrouve dans Donald (1947-53), dans la collection « Grand Nord » de la PEI, une filiale de Sagédition (49 numéros de 1949 à 1953), dans la collection « Au galop » des éditions Rouff (1953-57) et dans Far West, Les héros de l’aventure ou Les classiques de l’aventure des éditions des Remparts à partir de 1964 (sous le nom d’Audax, comme en Italie). En 1983, l’éditeur Slatkine publie en album les strips quotidiens du 21/04/41 au 18/04/42.
King a inspiré une série de films entre 1936 et 1942 réalisés par W. Witney, avec Allan Lane (« King of the Royal Mountee », « The Yukon Patrol », etc.) et toute une série de bandes dessinées comme Thunder Jack.
LES AUTEURS de king:
Zane Grey (1872-1939), né à Zanesville dans l’Ohio a écrit plus de 80 romans, pour la plupart des westerns : il est considéré aux USA comme l’un des plus grands auteurs populaires.
Robert Turner, né en 1915 a brièvement participé aux scénarios de Red Ryder en 1939. Allen Dean débute comme assistant d’Alex Raymond puis dessine King de 1935 à 1938, dessine Tex thorne en 1936-37 et travaille pour Mc Kay dans Ace comics en 1937. On retrouve son King chez Dell en 1940 dans Large Feature Comics (strips de 1937-38). Jim Garry est né le 02 mai 1905 à Chicago dans l’Illinois. Après une vie d’aventurier à travers le globe, il tâte du métier d’animateur puis se lance dans l’illustration en 1930. Il débute chez Whitman Publishing et illustre des livres pour enfants et des récits complets dans tous les genres. De 1936 à 1938, il travaille pour Dell Publishing sur les titres Crackajack Funnies et Popular Comics puis il intègre le staff du KFS tout d’abord comme assistant d’Harman en 1938-62 sur le comic strip Red Ryder puis de Charles Flanders sur King of the royal mounted avant de le reprendre seul de 1939 à 1955. Il a également travaillé pour Quality sur la série Bogey dans Warrior en 1984. |
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Charles Flanders est né en 1907 à Mayville dans l’état de New York. Il débute dans un atelier artistique à Buffalo en même temps qu’il poursuit ses études au Albright Art shool. En 1928, il s’installe à New York et devient directeur artistique d’une agence de publicité et livre ses premières illustrations aux éditions Macfadden avant d’être employé en 1932 par le KFS: il est assistant sur plusieurs séries dont Tim’s Tyler Luck de Lyman Young ou Bringing up father puis il reprend dès 1934 diverses bandes comme Ivanhoé, Sandra of the service secret, etc. avant de produire en 1935 son premier strip personnel : Robin Hood mais il ne le dessinera que trois mois. Il reprend alors Secret Agent X-9 (d’Alex Raymond) de 1935 à 1938 sur des scénarios de Leslie Charteris, le créateur du Saint, puis King of the royal Mounted de 1936 à 1939 suivi de The lone Ranger de 1939 à 1971 (Le cow boy masqué dans Donald entre 1947 et 1953). Parallèlement, il dessine des comic books pour National Periodic : Don Drake, Loco Luke, etc. ainsi qu’une adaptation de Stevenson : Treasure Island dans New Fun the big comic magazine en 1935. Pour Mc Kay, il illustre Mandrake (1940), Saturn against the Earth (1940), Lone Ranger (1941), Popeye et les autres personnages de son univers dans King Comics entre 1941 et 1946. Enfin, pour Dell, il anime The lone Ranger de 1948 à 1951. Il est mort le 10 janvier 1973, aux Baléares.
Dans les années suivantes, davantage conformistes et matérialistes, les régions ne sont plus guère inhospitalières, les tuniques écarlates perdent alors de leur magie sauf pour le fameux Sciuscia, jeune héros italien de l’après-guerre qui s’installe à Woodville au Canada et aide la police montée dans sa lutte contre le crime (récits de G. Anguissola et dessins de F. Tacconi puis F. Paludetti de 1949-55, traduits en France chez Sagédition). Le charme opère toujours un peu et, dans les années 50-60, fleurissent çà et là quelques belles pages illustrées des aventures de ces derniers « pionniers », encore s’agit-il d’initiatives françaises : le rêve fonctionne encore de ce côté ci de l’Atlantique ! Yves Mondet (Ogar, Tanka) qui signe « Louky Luc » (sic) nous offre un intrépide Sergent Roy dans Les histoires illustrées (1954-56). Dewy, héros de la police montée, une série de Daniel Massard (qui signe Damas) relate les aventures classiques d’un sergent de la police montée canadienne dans divers pockets de la SFPI de 1955 à 1958 (Aigle d’Or, Arc en Ciel, Colorado et Tam Tam). Daniel Massard a illustré beaucoup de séries d’aventure pour la SFPI : Max Dupré en 1961-62 (Cap 7), Marc Sainclair en 1964-66 (Spécial Zorro), Gilles Lapointe en 1964-68 (Spécial Zorro), etc.
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Noël Perron et Raphaël Marcello nous racontent en 1959-60 dans Monty les aventures contemporaines de Canadian Boy alias John Smith, un sergent de la police montée canadienne moustachu (comme Preston comme King, comme Brandon !) qui fait régner la loi et l’ordre à cheval dans l’ouest et le grand nord canadien, tandis qu’entre 1963 et 1967, Roger Lecureux au texte et Moreau de Tours (Frédéri, Jack Flash) puis l’excellent Franco Caprioli au dessin nous narrent dans les petits formats de Mon Journal les aventures de La Patrouille Blanche qui opère à Wanda-Liko-crow-Wandrak (« le pays d’où l’on ne revient jamais ») dans un petit poste avancé de la Royal Mounted Police, dirigée par le sergent Ardent aidé de Big Nose, trappeur fort en gueule, Cayuga, un iroquois muet et la frêle Miss Dolly, plus Ecrin, un chien Husky qui fait office de narrateur ! Ainsi à l’approche des années 70, si désenchantées, les chères têtes blondes pouvaient encore croire, grâce à une vingtaine d’épisodes publiés dans Lancelot (1963) puis Messire et En Garde ! (1967) et réédités dans Carabina Slim (1980-85) que là bas, dans le grand Nord, dans le froid et la neige, il y avait encore des héros qui luttaient, il y avait encore des frontières jamais franchies, des territoires vierges et hostiles où l’aventure était toujours possible... |
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Actuellement, la Royal Canadian Mounted Police emploie plus de 20000 hommes sur tout le territoire canadien à l’exception du Québec et de l’Ontario : on est bien loin de la mythologie des débuts. Depuis 1977 et Plume Rouge, aucune nouvelle bande dessinée n’est parue en petit format qui mette en scène des héros de la police montée : le genre semble définitivement tombé en désuétude. Par contre, en albums, signalons Trent, chez Dargaud, animé avec talent depuis 1991 par Léo et Rodolphe. |
Preuve s’il en est que la légende est bien morte (ou bien est-ce le contraire), les tuniques rouges, désormais, sont sujets à rire, ainsi le sergent BALDO, créé en 1952 pour les éditions Alpe (Gaie Fantasie) par Luciano Bottaro (Pépito), est un agent de la police montée canadienne pas futé mais têtu qui affronte les frères Nitro et leur chef Cassetou ou les tribus indiennes locales en révolte et finit le plus souvent en prison à la place des méchants (publié de 1954 à 1982 dans Pépito, Whisky et Gogo, Petit Shérif, Rin tin tin 2ème série Bugs Bunny, Monty et Pipo). A la même époque, le grand Carl Barks lui-même transforme le peureux Porky Pig en mountie dans la seule histoire qu’il ait jamais dessinée pour la Warner dans un numéro de Looney Tunes and Merrie Melodies pour Dell Publishing*. Mac Haron de Roberto Renzi (Akim) et Antonio Terenghi (Poldinet) présente là encore un mountie pas malin, qui multiplie les catastrophes, publié entre 1952 et 1961dans Cucciolo des éditions Alpe (Mac Karon) entre 1952 et 1961 et en France dans Pipo (Lug). Louis Cance, dans Amis-Coop (1973-90), créé quant à lui Un de la police montée, encore une parodie qui nous présente un héros sans nom, blond, rondouillard, hésitant, et qui multiplie les bévues en remplissant les missions que lui confie un commandant bien patient !
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*Porky n’est pas le seul porcin attiré par l’uniforme comme le montrent Les trois petits cochons de la Police Montée (Les belles histoires de WD) : à ce propos, Disney détient les droits d’utilisation du célèbre uniforme de la Police Montée Canadienne ! |
En dehors des petits formats, les Tuniques Rouges sont à l’honneur dans diverses œuvres dessinées comme Jesuit Joe de Hugo Pratt (un fan de la première heure de Zane Grey et de son King !) où un métis endosse l’uniforme d’un mountie mais cette fois ci, illégalement (un film en a été tiré) ou dans Trent, bien sûr. En Angleterre, c’est Ron Embleton (Wuff the Briton) qui adapte Tales of the Royal Monted Police pour l’éditeur Purnell en 1962, d’après une série télévisée de la BBC, alors qu’aux USA, Gerald Mc Cann illustre un volume sur la Royal Canadian Mounted Police dans les fameuses Classic Ilustrated Series et qu’en France, Bielsa produit en 1964 dans Pilote un « Bill Norton et la police montée du Canada ». Dans un registre comique, Goscinny et Morris associent Lucky Luke dans Les Dalton dans le blizzard à un mountie plus vrai et rigide que nature, le caporal Pendergast qui résume d’une phrase sa fonction : « Dans la police montée, il faut savoir tout faire : soigner les bêtes et les gens, construire des ponts, administrer la justice », tandis que, plus récemment, dans Space Mounties (Lombard, collection 3ème degré, 2001), Guilhem et Pierre Veys étendent le domaine d’action de deux fumistes de la police montée du futur à l’espace. |
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Pour être à peu près complet citons :
Mc Kay dela police montée une série espagnole de Claudio Tinocco (1943) editorial Valenciana
Sergent Peter une courte série dessinée par Lina Buffolente pour Biribu (Mon Journal) en 1956-57.
Davy Roy: dans cette bande espagnole de 1959, écrite par Miguel Tortajada et dessinée par José Luis puis Alacreu et Navarro Costa, un jeune garçon, ancien trapéziste de cirque devient la plus jeune recrue de la police montée canadienne : l’intrépide Davy Roy poursuit les malfaiteurs avec l’aide du chien loup Tarquin. 28 fascicules sont parus aux éditions Créo et une partie a été traduite dans Jim Canada.
Les Tuniques Rouges/Course à la frontière publié dans Aigle noir n° 30 à la Sagédition par Paparella (1963).
Dixon of the Mounted en 1940, par des artistes canadiens dont Léo Bachle
Aux USA, dans Godzilla n° 19 (1979), la grosse bébète affronte le SHIELD et...la police montée (Scénario : Doug Moench, dessin : Herb Trimpe).
A noter : le film de Cécil B. de Mille « Les tuniques écarlates » (North West Mounted Police) en 1941 avec Gary Cooper qui a du influencer pas mal de scénaristes...
Fabrice Castanet
Hop 50bis, 68
Faut que je retrouve tout çà, pff ! !
© Pimpf? le 28/09/2003. Proposer un site